Viens, Petite…

Mais d’où viendra donc la lumière ? Dois-je continuer à souffler sur ce voile de brume qui l’entoure, la nimbant d’un halo rassurant ? Dois-je me tenir à l’écart, là, dans l’ombre, attendant que le soleil fasse son œuvre ?

Pas facile de s’exposer lorsqu’on est trop longtemps restée dans l’obscurité. Ça fait peur, ça aveugle, ça saoule… Puis on cligne des yeux, une fois, deux fois… On hésite à mettre un pied devant l’autre, on ne sait pas trop par où aller. Une troisième fois, et la pupille reprend ses fonctions. L’iris se targue de couleurs, laissant apparaître le vert couronnant et le marron profond. On plisse légèrement le front, on profite du filet d’ombre projeté par ses cils.

Dois-je être là, prêt à tendre la main, ou patienter que pas après pas, elle reprenne confiance ?

Le terrain n’est pas hostile, Petite, nul trou, nul rocher pour te faire trébucher. Une prairie verdoyante, une multitude de fleurs parfumées. Ca sent bon la vie !

Tu pourrais presque t’y aventurer les yeux fermés si tu me donnais la main.

Mais tu préfères t’assurer et te rassurer. C’est tout à ton honneur. Une fois sereine, c’est en courant que tu te lanceras à la conquête ce nouvel état.

Avance, Petite. Si j’ai 15 ans, tu en as 8 ! Avance… A grandes enjambées d’un mètre dix et des poussières, tu auras tôt fait de me rattraper. Je suis là, au bout du chemin. Tu peux entendre au loin mes appels. Tu me vois tout petit, discret, si petit, si discret, et ta démarche timide se fait plus rapide. Puis proche de la course, elle t’amène à moi.

Avance, Petite ! Laisse glisser tes mains sur ces pétales colorés, sens le vent fouetter ton visage, le soleil réchauffer ta peau, jusqu’au tréfonds de ton âme. Tu sentiras en toi les changements s’opérer, et d’un seul cri, haut et fort, d’une clarté limpide,  tu hurleras: « Je suis moi! Je suis là! »

Avance encore un peu, Petite. Ne te retourne pas, regarde devant : la colline s’offre à nous, un nouvel horizon derrière lequel le soleil jamais ne se couche.

Viens, Petite, n’aie crainte, nul nuage n’assombrit le ciel. Vas-y, cligne une fois, deux fois… Trois fois et viens à moi!

© Luc BALTHASART, 06/11/2007

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