11/04/2015, jour 28: La Charité-sur-Loire – Baugy

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Je ne saurai dire avec exactitude à quelle heure Christian s’est levé ce matin. Je peux juste affirmer avec certitude qu’à 7 heures, l’antique porte d’entrée s’est ouverte dans un fracas qui brisa net le silence de la nuit. C’est qu’il a ses habitudes, notre Christian, et si l’opportunité lui est offerte, il se rendra chaque matin au bistrot avaler son petit noir bien tassé. Tout juste revenu de son escapade, sa voix rauque sera notre chant du coq sonnant le levé du soleil en même temps que notre réveil. On s’extirpe de nos lits, on replie nos effets, on s’affaire à ranger nos sacs à la lueur d’une grisaille qui annonce une journée brumeuse, avant de s’attabler pour le déjeuner.

Nous avions acheté la veille une délicieuse brioche et un petit pot de véritable beurre ! On en découpe de larges tranches qu’on tartine généreusement. En les trempant dans nos bols de café, ça dégouline, ça goutte et ça slurpe de partout. On en a plein les mains, mais qu’est-ce qu’on se régale. Ici, loin de tout, une simple brioche partagée avec mes nouveaux amis devient un véritable festin. La vraie vie est pourtant faite au quotidien de ces moments simples qu’on oublie parfois d’apprécier. Sur le Chemin, chacun de ces instants est précieux, chaque plaisir, aussi infime soit-il, reprend sa véritable valeur.

On profite du repas pour discuter de la journée. Pas de gîte avant Baugy, ce qui nous fait une sacrée marche pour aujourd’hui. Mais jusqu’où irons-nous si la pluie se met à tomber? Seule une chambre d’hôte hors de prix pour nos maigres bourses de pèlerin nous permettrait de faire éventuellement halte à mi-chemin. On décide donc que quoiqu’il advienne, rien ne nous arrêterait, pas même une averse, aussi intense soit-elle !

Mais au moment d’enfiler nos sacs à dos, me voilà à nouveau confronté aux mêmes démons qu’hier: suis-je prêt aujourd’hui à partager ma route? J’aime leur compagnie, et c’est la première fois depuis presqu’un mois que je retrouve chaque soir avec plaisir les mêmes amis, que je peux enfin parler, échanger, et partager. Mais j’aime aussi ma solitude et mon rythme. J’aime m’arrêter pour simplement m’émerveiller d’un arbre ou d’un papillon, admirer une fleur, un oiseau. J’aime laisser libre cours à mes pensées et mes réflexions, parler, rire et chanter. J’aime mon voyage intérieur. Marcher en leur compagnie signerait la mort de mes addictions du Chemin. Mais les avoir à mes côtés serait également la garantie d’une bonne journée ponctuée de galéjades et de philosophie. Hier, la décision est venue de mon saucisson. Mais aujourd’hui, je dois faire un choix dans la minute.

Christian trépigne déjà d’impatience, tandis que Phil lui emboite le pas. Je profiterai de cet empressement et de mon hésitation à les suivre pour leur proposer de partir sans moi. Je me charge en contre-partie de faire la petite vaisselle, vérifier que tout est propre et bien rangé, pour ensuite aller rapporter la clef à l’Office du Tourisme. La décision se fait sans heurt, tout le monde est d’accord. Je leur dit:  A ce soir !, un peu nostalgique et déjà impatient de les revoir, mais en même temps heureux de me retrouver au calme.

Je quitte donc seul La Charité en empruntant le vieux pont médiéval qui enjambe la Loire. La route est pénible en ce début de journée. La grisaille, l’asphalte, la circulation et le froid s’associent en un cocktail désagréable. Il ne pleut pas, c’est déjà ça, mais j’avance sans conviction, seulement guider par l’envie d’arriver. C’est même sans joie que je vais quitter la chaussée pour m’engager à travers champs. C’est une journée de spleen qui m’attend, où rien ne me sied. Aurais-je pris aujourd’hui la mauvaise décision? Aurais-je du partager mon Chemin? Je traine mon ennui en pensant à mes deux joyeux lurons. Je les imagine riant et maugréant, un peu comme Statler et Waldorf dans le Muppet Show. Sont-ils loin devant moi? J’ai presqu’envie de les rattraper !

Pour la première et unique fois, je vais aujourd’hui sciemment décider de quitter les sentiers balisés. Non pas tant par facilité, car rejoindre la route n’est pas une sinécure, mais avec l’idée d’abréger un peu ma lassitude. Avec aussi un peu l’espoir improbable de rejoindre mes deux comparses. Le regard baissé pour mieux affronter le vent qui perce mes vêtements, me voilà donc parti sur une route  qui me fera gagner un petit kilomètre, sous le regard inquisiteur d’un troupeau de chevreuils aussi peu farouches qu’intrigués.

Bien m’en a pris de prendre ce raccourci. Alors que je profitais d’un banc salutaire pour casser la croûte avec mon fameux saucisson, que ne fus-je pas surpris de voir arriver Phil. Seul. A mon étonnement, il me répondra qu’il avait été contraint d’abandonner Christian, non sans avoir pris soin de le déposer dans un bar ! Il se plaignait sans cesse depuis ce matin d’un pied douloureux. Il avait beau desserrer ses chaussures ou changer de socquettes, cela ne faisait qu’empirer à chaque pas. Il craignait même pour la pérennité de son pèlerinage. Alors, la mort dans l’âme, il avait décidé rageur de jeter l’éponge pour aujourd’hui, en espérant que demain soit un autre jour.

Nous étions encore assis sur ce banc quand un véhicule passa en klaxonnant. Quelle sympathie dans ces villages reculés. Revigoré par tant d’enthousiasme, et heureux d’avoir retrouvé Phil malgré l’angoisse de perdre Christian, nous repartons ensemble à l’assaut des neuf kilomètres qu’il nous reste avant l’étape du jour.

Marcher avec Phil va s’avérer être un véritable bonheur. Il n’aura cesse de me parler de sa fille, de sa vie,  de ses missions et ses voyages à travers le monde. Je ne vois plus le temps passer en sa compagnie, les kilomètres défilent, le Chemin reprend des couleurs.

Nous arrivons à Baugy en fin d’après-midi, où nous serons accueillis par un jovial Monsieur Guillaume. Un charmant petit local pèlerin est mis à notre disposition, juste à coté de chez lui, dans lequel nous aurons l’agréable surprise d’y retrouver Christian, bien que mal en point. Son pied est gonflé, la douleur irradie jusque dans le bas de sa jambe, il est frigorifié. Il nous racontera amusé avoir été pris en charge en voiture par un client de passage au bar qui s’était proposé de le déposer au gîte, et nous avoir vu en train de converser assis sur un banc. Ça n’était donc pas des supporters acharnés qui avaient klaxonnés cette après-midi, mais un Christian motorisé.

Monsieur Guillaume, aux petits soins, viendra un peu plus tard s’enquérir de l’état du convalescent, et voir si nous ne manquons de rien. Il nous informe par la même occasion que sa charmante épouse se propose de nous faire une lessive collective ! Nous n’allons pas manquer une telle occasion, et après une rapide douche, on se dirige de concert chez nos voisins, les bras chargés de linges nauséabonds, avec la promesse que demain matin, tout serait sec et sentirait bon. Quelle crème, cette Madame Guillaume. On ne va pas se gêner de l’embrasser pour la remercier chaleureusement de tant de générosité. Nous repartirons même chacun avec un chocolat, comme autant d’enfants récompensés pour leurs efforts par une maman attentionnée.

De retour au gîte, on laissera Christian se reposer et se soigner tandis que Phil et moi filons au supermarché acheter de quoi souper. Le refuge n’est pas des mieux équipés pour cuisiner, aussi contenterons-nous ce soir d’une saucisse de Morteau et d’un morceau de pain. Mais on misera tout sur un apéro bien garni et un vin sélectionné avec soin. Réduit à sa plus simple expression, ce repas sera pour nous un festin de roi !

La soirée sera vite écourtée. Fatigués par un réveil très matinal, par une longue journée de marche et une météo des plus tristes, angoissés par l’état de Christian, nous ne tarderons pas à nous coucher, avec l’espoir d’une meilleure journée.

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© Luc BALTHASART, 12/05/2016

33 réflexions sur « 11/04/2015, jour 28: La Charité-sur-Loire – Baugy »

    1. Merci de me suivre Pascal, je ne serai rien sans des lecteurs tel que toi et tous ceux qui me suivent !
      Quels seraient l’intérêt et ma motivation de partager ce que j’ai vécu si ce n’est pour toucher votre âme?

  1. Tu écris extrêmement bien et c’est un plaisir de lire quelqu’un qui ne fait pas de fautes d’orthographe……Je « vis » le chemin que tu écris….c’est un grand bonheur – As tu fait éditer un livre ?
    J’ai fait le Camino del Norte seule et marcher seule des heures, seule avec mes pensées, ma méditation, c’est magique….On retrouve des pèlerins le soir et on les apprécie d’autant plus….

    1. Bonjour Jocelyne,

      Me dire que tu « vis » le Chemin à travers mes mots est un des plus beaux compliments que tu puisses me faire. Ça n’est pas toujours évident de traduire ce qu’on a vécu: tu es bien placée pour justement dire qu’un Chemin se vit ! Et même si un fil rouge s’en détache (paysages, albergues, etc), il est propre à chacun par ses émotions, ses rencontres, ses affres et ses joies.

      Le livre est en prévision. Beaucoup m’en parlent, beaucoup insistent, et je suis déjà occupé à prendre les renseignements nécessaires. Mais au rythme de « ma production littéraire », je pense que ça ne sera pas avant quelques mois.

      J’envisage le Camino del Norte pour l’été 2017. J’ai un ami (le fameux Christian dont je parle actuellement dans ma chronique) qui y est actuellement et m’a dit que c’était plus difficile (dénivelé, empierrement, etc) et plus onéreux que le Camino Frances (30% de plus en moyenne, logement et nourriture). Mais lorsque je vois ses photos, il est à nul autre pareil !

      Quant à l’orthographe, je suis loin d’être infaillible, qui peut d’ailleurs le prétendre, mais je mets effectivement un point d’honneur à y apporter une attention toute particulière, considérant qu’il s’agit de la première des politesses ! N’hésite donc pas à m’envoyer un petit mail privé si vous relever l’une ou l’autre phôte ! 😉

      Merci de me suivre, merci pour tes commentaires et tes remarques.

      A bientôt,

      Luc

      1. Bonjour !
        Je souhaite répondre tout de suite sur la soi-disant difficulté du Camino del Norte
        Je suis une dame de 65 ans (63 à l’époque) – je fais deux séances de marche nordique et une randonnée pédestre de 2 heures par semaine (je ne suis pas du tout marathonienne) et je dois dire qu’à aucun moment je n’ai trouvé une difficulté quelconque à faire ce chemin
        Seuls les gens qui passent leur temps devant la TV et l’ordi qui se lancent sur ce chemin du jour au lendemain y trouveront des difficultés…..Il est plus cher c’est vrai mais tellement beau !

        1. Merci pour ce retour, ma chère Jocelyne.
          Christian n’est pourtant pas du genre à rester avachi devant sa télé ou son ordi. Il est même un randonneur aguerri, c’est pourquoi je m’inquiétais de la difficulté du Camino del Norte.
          Peut-être en faisait-il simplement la comparaison par rapport au Camino Frances, en me précisant que les genoux trinquaient parfois dans les descentes caillouteuses.
          Quoiqu’il en soit, une chose est sûre, j’ai hâte d’y être… 😉
          D’où étais-tu partie lors de ton pèlerinage par le Norte? Et as-tu déjà eu l’occasion de parcourir d’autres Chemins?

          A bientôt,

          Luc

          1. Avec mon mari nous avons fait Tours-Hendaye – La première partie sous la tente (la plus merveilleuse période de ma vie après la naissance de ma fille et de mes petits enfants) et la seconde partie dans les gîtes
            Nous devions continuer sur le Camino frances mais mon mari a capitulé..Il ne voulait pas aller dans les dortoirs bruyants, encombrés et ne voulait pas être dans une file d’attente pour la douche…..Nous sommes donc rentrés à la maison (pour moi la mort dans l’âme) et l’année d’après je suis partie seule de la gare d’Hendaye, là où on avait abandonné..Je suis partie un 13 mai et je suis arrivée à Santiago le 14 juin plus en forme qu’au départ et avec 5kg de moins (youpi !)…..
            L’année dernière, je suis repartie du Puy en Velay et le second jour je me suis pris le pied dans une corde de tente de camping et j’ai fait un vol plané…..résultat des courses : une belle entorse et retour à la case départ..Comme je suis philosophe, je me dis que c’était un bien et qu’il me serait certainement arrivé pire plus loin…donc St Jacques merci…Je ne pense plus qu’à repartir (cette année pas possible) mais il ne se passe pas une journée sans que j’y pense et je suis très heureuse
            qu’il existe des gens comme toi pour nous aider à patienter….

            1. J’ai également passé quelques nuits sous tente, pas assez à mon goût, mais ça, je ne l’ai compris qu’a posteriori ! C’est vrai que la liberté que cela procure est inégalable, et j’en garde un très bon souvenir.
              Pour la Camino Frances, c’est aussi un apprentissage d’apprendre à faire avec les autres et leurs habitudes. Certains sont bruyants, quelques-uns ennuyants, mais la grande majorité charmants ! Des files pour la douche? Oui, ça arrive, pas toujours. De l’eau froide? Oui, aussi, ça arrive, parfois. En suis-je mort? Non. Est-ce que je l’ai regretté? Jamais ! Bien au contraire, ça fait aussi partie du Chemin, et à refaire, je ferai tout pareil !
              J’aimerai également faire un jour la voie du Puy, mais je crains le côté commerciale qui s’en dégage. Si en Espagne, il apparait aussi, la crise est passée par là, tout est moitié moins cher qu’en France. Et puis il y a en Espagne une croyance et un respect du pèlerin qui n’existe pas toujours en France.
              Je partage ta philosophie: ce qui arrive devait arriver, on n’y peut rien, c’est ainsi !
              Et je te rassure, depuis plus d’un an, au Chemin, j’y repense tous les jours, à chaque instant !

  2. J’ai oublié…j’ai une énorme émotion en regardant certaines photos….Tu as une grande sensibilité et un talent certain pour la photographie

    1. Merci également pour tes compliments à ce sujet. Je ne pensais pas avoir un talent particulier pour la photographie, jusqu’à ce que ma femme me le fasse également remarquer. Et voilà que tu le confirmes. A l’inverse des mots, les photo permettent à chacun de visualiser tel que je l’ai vu les paysages et ce qui m’a touché.

      A bientôt,

      Luc

  3. bonjour mon ami.
    je rentre de mon deuxième passage à Santiago et il me tardait de retrouver tes écrits qui me permettent de rester un peu sur le chemin.
    encore merci de faire partager tes aventures.

    1. Bonjour Fred,

      Ainsi donc tu es reparti: quel bonheur de s’élancer à nouveau sur les Chemins ! Tu n’imagines même pas comme je t’envie…
      Qu’as-tu parcouru?
      Et raconte-nous donc un peu ton entrée sur la plaza del obradoiro…
      A bientôt, et merci à toi de me suivre 😉

      Luc

      1. Malheureusement je n’ai pas tes talents d’écriture.
        Mon périple fut court cette fois. j’ai parcouru seulement les 120 derniers kilomètres.
        Les gens qui ont déjà été sur le chemin se posent certainement la question de l’intérêt d’un parcours normalement réservé aux « touristes » qui sont souvent sur le chemin en faisant porter leur sac et qui vous doublent en portant sur vous un regard quasi dédaigneux quant alourdis de votre fardeau vous les empêchez de passer ou les ralentissez. Certains de ces marcheurs se hâtent même d’arriver au refuge dans le but de calculer leur moyenne du jour.
        Ma motivation était toute autre. Lors de mon premier pèlerinage mon père comptait faire la dernière étape en ma compagnie,. la date qu’il avait prévu tombait bien sur le papier mais la réalité fut toute autre. lorsque l’on marche depuis tant de jours et lorsque les grandes difficultés sont derrière nous et que nos muscles sont parfaitement habitués à l’effort quotidien, on me marche plus on vole, surtout lorsque le but est proche. Le de l’arrivée de mon père fut aussi le jour de mon arrivée à Santiago.
        La décision fut alors prise de repartir ensemble pour faire la distance minimale permettant de prétendre à la Compostela. Le défi fut relevé cette année pour les 80 ans de mon père.
        Nous avons découpé notre périple en étapes de 15 kilomètres mais cette distance fut largement suffisante pour les capacités physique de mon père.
        Ce type d’expérience entre un père et son fils fut riche d’enseignements et d’émotions.

        1. Fred,

          Peu importe le talent ou les mots, tu viens de m’extirper une larme d’émotion !

          Chapeau à ton papa pour cet exploit. A 80 ans, et en compagnie de son fils, il peut être doublement fier, tout autant que tu l’es de lui.

          Les 100 derniers kilomètres sont, il est vrai, loin d’être les plus agréables, avec cette foule multicolore, hétéroclite et bruyante. A chacun son Chemin, mais avec ce coté mercantile, et la seule motivation d’arriver au plus vite pour faire valider sa crédentiale et obtenir sa Compostella, je doute que ces pèlerins-touristes puissent ressentir ce que nous vivons réellement lorsque nous posons le genoux sur le parvis de la cathédrale de Santiago.

          Tu viens de vivre cette expérience avec ton père, gageons que dans quelques années, ça soit ton fils qui ait la chance de le faire avec son père. Tu m’avais parlé avec émotion de ses difficultés. Tu sais que lui et moi partageons cette « infirmité ». Mais un jour, tu verras, il le fera…

          Merci de nous avoir fait partager ton Chemin… 😉

          Luc

          1. un grand merci à toi. je ne désespère pas que mon fils puisse un jour m’accompagner.
            D’ici là je compte bien rester dans l’esprit en accueillant dans des gîtes ou en repartant.
            a très bientôt.

          2. Il est vrai que les derniers km ne sont pas agréables…J’ai rejoint le Camino frances à ARZUA après avoir cheminé sur le Camino del norte plusieurs semaines et là. …la douche froide ! J’ai trouvé que c’était sale (tags, papiers sales, papier toilette), des pèlerins qui ne vous regardent pas, qui foncent, qui ne vous saluent pas….La course….Des vendeurs ambulants….Quelle différence avec « mon » chemin ! Soudainement je descendais du paradis sur terre….

            1. A nous qui avons connu l’avant Sarria (ou Arzua), lorsqu’on arrive à la frontière des 100 derniers kilomètres, c’est un choc.
              On ferme les écoutilles, on retient notre souffle, et on dépasse sans s’en soucier ces hordes de pèlerins colorés, qui pour la plupart n’ont de pèlerin que le nom, et encore !

        2. Bonjour Fred,
          Un grand espoir pour moi…
          Hier, je me disais qu’il me restait à peu près 7 ou 8 ans pour faire les chemins (j’ai remarqué que vers 72/73 ans, ça semblait plus difficile et je ne connais pas de pèlerin de cet âge) mais quand je lis que votre père a fait ces km à 80 ans….ouf ! Quelle bouffée d’oxygène..J’espère être comme lui….

          1. Lors de mon périple, j’ai croisé un espagnol de 81 ans, qui marchait ses étapes comme tout le monde en portant son sac complet ! IL se faisait accompagner par son ami Luis, un « petit jeune » de 52 ans (de mémoire).
            Et j’ai marché tout au long de l’Espagne avec Alain, 76 ans, qui en était à son 25ème Camino Frances, et qui va partir ce 15 mai pour une « petite partie », de Logrono à Fisterra.
            Il n’y a pas d’âge, Jocelyne, si les pieds vont, tout va ! 😉

  4. Toujours autant de plaisir à te lire… Je vous que Je ne suis pas la seule !! Je te comprends tant quand tu parles de prendre la décision de marcher seul ou non, j’y étais confrontée exactement de la même manière… Quand à tes références à des films ou autre livre c’est très bon dans un récit, tu en fais aussi plusieurs, j’aime beaucoup.
    A bientôt pour de nouvelles aventures 😉
    Alisa

    1. Un tout grand merci pour tes retours, Alisa, ils me sont très précieux.
      La marche en solitaire m’est souvent salutaire. Se retrouver confronté à soi-même, pouvoir prendre son temps, s’écouter et écouter son corps, quel bonheur !
      Même si le partage du Chemin a aussi son charme, rien n’y fait, il me faut ces moments.

      Quant aux références, je dois en avoir moins que toi, mais c’est vrai que de temps à autre, ça apparait comme une évidence, à l’instar de Statler et Waldorf auquel j’ai pensé dans le présent article ! 😉 Mais qui se souvient encore d’eux et du Muppet Show? Je te parle d’un temps que les moins de…. 40 ans (!) ne peuvent pas connaitre.

      A bientôt,

      Luc

    1. Les photo vous permettent de visualiser ce que j’ai vu et vécu. Ca n’est qu’une infime partie de ce qui a fait mon Chemin, il manque les odeurs, les sons, le vents, la chaleur et le froid,…

  5. Salut Luc. C’est toujours un plaisir de te lire et de partager les commentaires qui te sont transmis. Depuis notre rencontre à l’Article 23 à Liège, tu sais que je suis en pleine préparation pour une nouvelle expérience; ça sera la sixième et en compagnie de mon épouse cette fois. Nous partons ce lundi pour Santander. Nous allons marcher un vingtaine de jour pour rejoindre Santiago par la Via Costa du Camino del Norte que j’avais déjà fait en partie en 2014 depuis Hendaye jusqu’à Luarca. J’aurai pu continuer mais c’est la limite de jours que je m’étais fixée avec mon épouse restée au foyer. Je vois qu’au travers des commentaires qui te sont faits que les opinions divergent beaucoup sur des expériences similaires. Pour moi, le Camino del Norte est bien plus beau que le Frances, moins fréquenté et dans l’ensemble plus dur particulièrement dans son tronçon traversant le Pays Basque mais il est vrai que je l’ai parcouru sous une pluie diluvienne. Je ne l’est pas non plus trouvé d’un coût plus élevé. Quant à la question de l’âge j’en ai rencontré des pèlerins âgés dont un ancien général de Franco de plus de 80 ans et qui se permettait des étapes oscillant entre 30 et 40 km, il quittait le gite à 4 h 00 du matin. J’ai oublié son nombre de participation mais il était au delà de la vingtaine. Le doyen que j’ai rencontré sur le chemin français avait plus de nonante ans. Que dire de plus, si ce n’est que tant que l’on se sent bien, il faut en profiter. Je me dis mieux vaut mourir sur le chemin que dans un fauteuil ou dans un lit d’hôpital. Alors, à bientôt et encore merci pour tes magnifiques récits qui me font à chaque fois replonger dans mes diverses aventures.

    1. La difficulté du chemin choisi est fonction également de la façon dont on l’aborde…Je n’ai pas souffert sur le Norte peut être parce que je n’étais pas fatiguée au départ. J’étais en retraite depuis 6 ans et j’ai eu largement le temps de me reposer et d’évacuer le stress du travail..Quelqu’un qui n’a que 15 jours de vacances et qui court pour commencer le chemin et qui doit revenir à jour fixe n’aura pas du tout le même ressenti que moi…

    2. Bonjour Cyrille,

      J’ai été très heureux de vous rencontrer et de faire plus ample connaissance.
      C’est donc déjà ce lundi? Mazette, quel bonheur d’être dans l’euphorie des derniers jours ! J’imagine très bien votre fébrilité, et j’aurai vraiment envie de me transformer en petite souris pour me glisser au fond de ton sac à dos.

      Il est normal que les opinions divergent. Les impressions de l’un ne sont pas celles de l’autre. Il y a tant de paramètres qui font autant de Chemins. Et comme le souligne Jocelyne, l’état d’esprit qu’on y met, la disponibilité, le stress, la fatigue, sont également des éléments déterminants sur les ressentis.

      Quant aux pèlerins que tu as rencontrés, merci de les mentionner: ça va motiver et encourager Jocelyne dans ses « vieux jours »!
      Jocelyne, cela ne fait que confirmer ce que je disais: tant que les pieds vont, tout va ! Tu as encore de nombreuses années à arpenter les sentiers ! 😉

  6. Je vois que le partage des sensations est bien là et c’est dans ces échanges que le chemin trouve toute sa raison d’être; soit sur place ou bien de retour à la maison comme c’est le cas actuellement pour nous trois. Mais à partir de demain ça sera pour moi sur le chemin d’autant qu’avec mon épouse nous allons prendre le temps d’échanger et de partager avec l’avantage qu’avec ses origines espagnoles elle peut entretenir de longs échanges avec ses compatriotes. Et c’est toujours très savoureux. Nous aurons une pensés pour tous ceux que nous avons rencontré sur nos différents chemins et spécialement pour vous deux, même si nous n’avons l’avantage d’avoir rencontré Jocelyne. A très bientôt, nous serons de retour le 11 juin.
    Cyrille.

    1. Sur et au-delà du Chemin, Saint Jacques réunit tant de gens d’horizons différents. Nous trouvons notre unité dans la simplicité de nos vies et de nos rencontres. Nous sommes amis, frères, de la grande famille des nomades en routes vers Compostelle. 😉

      Je me joins à Jocelyne pour vous souhaiter du fond du cœur un Buen Camino !
      Profitez de chaque instant, ramènez-nous des souvenirs et des émotions, et revenez l’esprit chargé d’anecdotes passionnantes à nous raconter…

  7. Le Camino del Norté est tantôt sauvage et indomptable puis docile et riche en amitié. Je suis partie de Biarritz et j’ai marché jusque Santander… Je travaille toujours et la date de mon retour était prévue à l’avance. J’ai quitté Santander la mort dans l’âme car mes amis, eux, continuaient jusque Santiago. La vie est faite de choix parfois, très douloureux. En 2017, j’ai fait le vœux de terminer ce fabuleux Camino del Norté. Certe, il est bien différent du Camino Francès… Ne dit-on pas que c’est dans la difficulté que l’on puisse ses richesses.

    1. J’imagine l’implacable dureté de devoir s’arrêter, surtout en voyant ses amis continuer.
      Chaque choix est un renoncement, il faut s’y plier.
      Mais nul doute que tu le finiras, tout comme jusqu’à la fin de tes jours, tu y retourneras !
      Le Chemin nous a happé, on est « foutus »… lol 😉

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